Espèces à enjeu observées vivantes sur le Parc national
LES MULETTES
La Mulette épaisse (Unio crassus) est une espèces protégée en France et en Europe (Directive Habitat Faune Flore). Cette espèce particulièrement sensible à la dessiccation (suppression naturelle ou artificielle de l’humidité contenue dans un corps) vit partiellement ou totalement enfouie dans les sédiments meubles et stables des cours d’eau. Elle peut vivre entre 20 et 30 ans. Pendant la phase larvaire, les glochidies (larves) parasitent les branchies des poissons hôtes jusqu’à 41 jours pour se disperser. Les poissons hôtes de cette espèce sont principalement le Vairon, le Chevaine et le Chabot.
La Mulette Méridionale (Unio mancus) n’est pas protégée en France mais elle est inscrite à l’Annexe V de la Directive Habitat Faune Flore. Ce qui signifie qu’elle doit faire l’objet d’un suivi pour évaluer les tendances de sa population. Ses poissons hôtes et sa durée de vie ne sont pas connues. Elle a besoin d'eau stagnante sur des fonds sableux, souvent entre les racines des arbres, à moitié enfouis dans le substrat, peu fréquents dans les sols boueux et les fonds pierreux. (Source : Atlas de la malacofaune du Grand Est)
LES ANODONTES
L’Anodonte des rivières (Anodonta anatina) a une large amplitude écologique. Elle peut vivre dans tous les types de milieux aquatiques. L’Anodonte des étangs (Anodonta anatina) vit dans les eaux stagnantes avec du substrat meuble. Les poissons hôtes ne sont pas connus avec précision mais peuvent être nombreux et variables selon les bassins hydrographiques. Ces deux espèces sont vulnérable en France et dans le Grand Est du fait de la concurrence avec l’Anodonte chinoise lors de la reproduction. Cette dernière tend à rendre les poissons hôtes insensibles à l’infestation des larves de l’Anodonte des rivières et peut contribuer à sa disparition très rapidement. Cette espèce invasive n’a pas été observée dans notre étude.
Les facteurs défavorables
De nombreux facteurs défavorables aux espèces de mollusques ont pu être observés, notamment :
- Les assecs (assèchement temporaire d’un cours d’eau) sur la Suize et l’Aujon : les mollusques sont des organismes qui ne supportent pas d’être hors de l’eau. Dépourvues d’yeux, les mulettes se dispersent donc de manière aléatoire et meurent si elles ne trouvent pas d’eau
- Le piétinement par les bovins est susceptible de casser les mollusques, de dégrader les berges et d’augmenter le colmatage. Certaines espèces ne peuvent ainsi plus se reproduire
- Les embâcles font partie de l’hydrosystème, mais sont défavorables aux mollusques s’ils sont présents en trop grande quantité. Un nombre impressionnant d’embâcles est présent sur l’Aube : beaucoup d’arbres tombent dans la rivière, ce qui entraîne de l’érosion et le bloquage des mulettes épaisses
- Le caractère opposant à la dispersion des poissons est problématique en période de reproduction (Période estivale). Cela entraîne un cloisonnement des populations de mulettes
Perspectives d'actions
Des actions demeurent néanmoins envisageables pour maintenir, voire améliorer l’état de conservation de ces espèces :
- Étudier la fonctionnalité et l’abondance des populations
- Maintenir l’intégrité des ripisylves (végétation des bords des cours d’eau), préserver les berges contre le piétinement, restaurer la franchissabilité des ouvrages par les poissons…
- Sensibiliser sur ces espèces méconnues pour mieux les protéger et favoriser leur prise en compte dans les projets d’aménagement