Présentation générale du site
Le site Natura2000 « Vallon de Senance » c’est :
- 48 hectares
- 2 communes
- 9 habitats prioritaires
- 88% de la superficie du site sont des habitats d’intérêt communautaire
Les enjeux
Les espèces d’intérêt communautaire
Lors des derniers inventaires, aucune des espèces floristiques recensées sur le site n’est inscrite à l’Annexe II de la directive Habitats-Faune-Flore. En revanche, plusieurs espèces faunistiques sont d’intérêt communautaire, en particulier des chauves-souris, sont présentes sur le site. Parmi elles, la Barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus), le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus). Par ailleurs, une espèce de papillon, le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia), est également reconnue comme d’intérêt communautaire.
- La Barbastelle d’Europe est une chauve-souris forestière qui fréquente les forêts feuillues ou mixtes matures, riches en sous-bois et proches de zones humides. En été, elle utilise des cavités d’arbres ou des bâtiments comme gîtes, et chasse principalement des petits papillons nocturnes. Solitaire en hiver, elle occupe alors des sites variés peu protégés. La reproduction a lieu entre août et mars, avec une seule naissance par an. Elle privilégie les milieux forestiers en mosaïque, les futaies irrégulières, les lisières, les haies et les arbres à cavités. Bien que les habitats actuels soient globalement en bon état, la rareté des cavités et l’absence d’eau libre sont des limites locales. La conservation de cette espèce repose sur le maintien de la diversité des milieux forestiers, la restauration des ripisylves (boisements situés en bordure immédiate d’un cours d’eau et régulièrement inondés) et la gestion extensive des prairies en lisière.
- Le Grand Rhinolophe est une grande chauve-souris européenne facilement reconnaissable à son nez en forme de fer à cheval. Nocturne, il chasse principalement des insectes, qu’il repère grâce à l’écholocalisation. Il utilise différents types de gîtes selon la saison : des combles ou greniers pour la reproduction en été, et des cavités souterraines humides pour l’hibernation en hiver. Bien que présent dans une grande partie de la France, ses populations ont fortement régressé au cours du XXᵉ siècle, principalement à cause de la destruction de ses habitats. Il est aujourd’hui une espèce strictement protégée au niveau européen.
- Le Murin à oreilles échancrées est une chauve-souris, facilement identifiable à sa nette échancrure sur le bord des oreilles. Moins sensible à la lumière que toutes les autres espèces européennes, elle hiberne jusqu’à sept mois, ce qui constitue un record en Europe, principalement dans des cavités souterraines naturelles ou artificielles, tout en se montrant largement sédentaire. En été, elle forme des colonies de reproduction dans des bâtiments (combles, greniers, clochers), souvent en association avec d’autres espèces comme le Grand Rhinolophe. Elle chasse en lisière de forêts, bocages, prairies et vergers, en capturant surtout araignées et diptères (mouches, moustiques), au vol ou en glanant sur la végétation. L’espèce, inscrite aux annexes II et IV de la directive Habitats‑Faune‑Flore et protégée au niveau national, concentre ses effectifs dans des populations souvent limitées et reste menacée par la perte de gîtes, les dérangements, les traitements de charpentes ou la disparition des habitats de chasse.
- Le Damier de la succise est un papillon diurne de taille moyenne, facilement reconnaissable à ses ailes fauves ornées de motifs à damiers sombres et caractérisé par une rangée de petits points noirs. Il vole au printemps, de mai à juillet, en une seule génération annuelle, et reste généralement sur son site natal. Ses chenilles se nourrissent principalement de la Succise des prés que l'on retrouve dans les milieux humides, mais elles peuvent aussi utiliser des plantes voisines comme certains knauties ou scabieuses dans des pelouses calcaires. L’espèce est protégée au niveau européen (Annexe II de la directive Habitats-faune-flore) et national, et ses populations sont en fort déclin, particulièrement dans le nord de la France, à cause de la dégradation de ses habitats humides ou des habitats sur sols calcaires.
Les habitats d’intérêt communautaire
Le Vallon de Senance est un vallon très encaissé dans le calcaire bajocien. Il présente de grandes falaises et des phénomènes karstiques (paysages creusés par l’eau dans la roche calcaire). Il renferme l’une des plus typiques et des plus spectaculaires des forêts de ravin (Tilio-Acerion) du plateau de Langres qui couvre 30% de la superficie totale du site. Le site du vallon de Senance abrite un grand nombre d’habitats d’importance communautaire (9) malgré sa relative petite dimension, mais bon nombre d’entre eux sont très réduits en surface. Autre fait marquant, le recouvrement total des habitats d’importance communautaire représente une part importante du site (42 ha, soit 88% du site ou, si l’on tient compte de l’habitat potentiel : 43 ha, soit 90% du site). Parmi ces habitats remarquables, il y notamment les forêts de pente et de ravin, les hêtraies-chênaies-charmaies à aspérule odorante et les sources pétrifiantes avec formation de tuf.
Les forêts de ravins sont des milieux boisés installés sur des pentes abruptes, généralement en fond de vallon ou le long de versants frais et ombragés. Grâce à leur topographie encaissée, ces zones conservent une humidité élevée, une fraîcheur constante et sont souvent peu exposées au soleil. Ces conditions particulières favorisent le développement d’une végétation luxuriante, riche en mousses, fougères et arbres feuillus comme le Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), le Frêne commun (Fraxinus excelsior) ou l’Érable sycomore (Acer pseudoplatanus). Cet habitat forestier est rare en France, limité aux combes profondes et reculées des plateaux calcaires. Il se présente dans le vallon de Senance sous deux formes : la tillaie- érablaie à scolopendre (assez rare en Haute-Marne) sur les versants ombragés et la tillaie sèche à érables (très rare en Haute-Marne) sur des versants exposés au soleil. La valeur du site est rehaussée par l’abondance de la Lunaire odorante (Lunaria redidiva), espèce rarissime en Champagne-Ardenne et protégée dans ce territoire.
La hêtraie-chênaie-charmaie à Aspérule odorante est un type de forêt feuillue typique des régions tempérées d'Europe occidentale et centrale, notamment en plaine et en colline. Elle se développe sur des sols riches en nutriments, souvent argilo-limoneux ou argilo-calcaires, bien drainés et relativement frais. La canopée est dominée par le hêtre (Fagus sylvatica), en association avec le chêne pédonculé (Quercus robur), le chêne sessile (Quercus petraea) et le charme commun (Carpinus betulus). Le sous-bois est généralement bien développé, avec une strate herbacée riche comprenant des espèces indicatrices comme le Gaillet ordorant (Galium odoratum) anciennement nommé Aspérule odorante. La hêtraie-chênaie à aspérule odorante, commune en France et en Haute-Marne, n’est pas prioritaire pour les objectifs de gestion car cet habitat est en bon état de conservation au niveau national. Dans le site, il n’existe pas de stade mature du hêtre proche de la sénescence, très rarement rencontré en plaine française.
L’habitat des sources pétrifiantes avec formation de tuf correspond à des formations végétales spécifiques qui se développent autour de sources ou suintements d’eau faiblement acides, riches en carbonates de calcium (CaCO₃). Lorsque cette eau entre en contact avec l’air, elle perd du dioxyde de carbone (CO₂), ce qui provoque la précipitation du carbonate de calcium. Celui-ci se dépose progressivement sur les végétaux, notamment les mousses, en les enrobant et en formant ainsi une roche calcaire poreuse et très dure : le tuf.
Cet habitat, rare et d’un grand intérêt écologique, se caractérise principalement par la présence d’un tapis relativement dense de mousses bryophytes calcicoles, qui piègent efficacement le calcaire.
Les actions
L’animation du site est encadrée par le Document d’Objectifs (DOCOB). Celui-ci a été rédigé et validé en 2007.
Qu’est-ce qu’un Document d’Objectifs Natura 2000 ?
Un DOCOB (Document d'Objectifs) est un document stratégique qui définit un programme d’action pour préserver les habitats et les espèces d’intérêt communautaire sur un site Natura 2000. Ces actions peuvent être des actions de gestion, de connaissance ou de sensibilisation. Il est élaboré en concertation avec les acteurs locaux (élus, agriculteurs, forestiers, associations, etc.) et sert notamment de cadre pour la mise en œuvre d’actions volontaires, souvent financées, dans le cadre de contrats Natura 2000.
Les actions de connaissance
- Réalisation d’inventaires des chiroptères dans la grotte principale et dans les boisements alentours : l’objectif est de savoir comment est utilisée la grotte et l’environnement alentour par les différentes espèces. Les résultats permettront de mettre en place ou d’ajuster des mesures de protection pour garantir leur survie.
Les actions de gestion
- Entretien des habitats ouverts (fauche, coupe de ligneux)
- Maturation des boisements situés en bordure immédiate de cours d’eau, afin de proposer une diversité d’habitats liés aux vieux arbres ou morts, à plusieurs espèces animales et végétales.
- Gestion autour de l’alimentation en eau et réalisation d’aménagements pour résoudre le problème d’inondabilité des sentiers de randonnée.
Les actions de sensibilisation
- Installation d’un sentier d’interprétation dans le cadre du GR de Pays du Parc national de forêts : l’objectif de cette action est de valoriser le site Natura2000 et de sensibiliser les publics aux nombreux enjeux écologiques de ce site, notamment la ressource en eau.
Une question sur ce site Natura 2000 ? Contactez-nous !
Thomas VOLPOET, Chargé de mission Natura 2000 animateur du site Natura 2000 FR2100329 « Vallon de Senance à Courcelles-en-Montagne et Noidant-le-Rocheux »
thomas.volpoet@forets-parcnational.fr
Ce site Natura 2000 est co-financé par des fonds européens et la Région Grand-Est