Gorges de la Vingeanne

Présentation générale du site 

Le site Natura 2000 "Gorges de la Vingeanne", c’est :

• 71 hectares
• 1 commune
• 90% de forêts de feuillus
   

Les enjeux 

Les espèces d’intérêt communautaire

La diversité des habitats naturels du site abrite un grand nombre d’espèces, en particulier végétales. La position de ces espaces en carrefour biogéographique permet la présence d’espèces rares, originaires des régions méditerranéennes, montagnardes ou des régions froides de l’Europe du nord. Pour autant, il n’existe pas sur le site d’espèces végétales d’intérêt communautaire au titre de Natura 2000. Toutefois, plusieurs espèces animales sont d’intérêt communautaire notamment la Barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus), le Chabot (Cottus gobio) et le Grand Murin (Myotis myotis).

• La Barbastelle d’Europe est une chauve-souris forestière qui fréquente les forêts feuillues ou mixtes matures, riches en sous-bois et proches de zones humides. En été, elle utilise des cavités d’arbres ou des bâtiments comme gîtes, et chasse principalement de petits papillons nocturnes. Solitaire en hiver, elle occupe alors des sites variés peu protégés. La reproduction a lieu entre août et mars, avec une seule naissance par an. Elle privilégie les milieux forestiers en mosaïque, les futaies irrégulières, les lisières, les haies et les arbres à cavités. Bien que les habitats actuels soient globalement en bon état, la rareté des cavités et l’absence d’eau libre sont des limites locales. La conservation de cette espèce repose sur le maintien de la diversité des milieux forestiers, la restauration des ripisylves et la gestion extensive des prairies en lisière. 
   
• Le Chabot est un poisson discret vivant dans les eaux froides, vives et bien oxygénées, souvent sur des fonds de sable et graviers. Il habite principalement le haut des rivières, torrents et ruisseaux de plaine, où il cohabite fréquemment avec la truite fario. Caché sous les pierres en journée, il se nourrit de petits invertébrés aquatiques et parfois d’alevins. Sa reproduction a lieu de mars à juin, avec une ponte surveillée par le mâle. Très sensible à la pollution, il bénéficie de la bonne qualité des eaux de la Vingeanne, bien que quelques menaces subsistent, notamment l’exploitation de la ripisylve et les pollutions agricoles ou routières. Toutefois, l’habitat reste globalement favorable et bien préservé.
   
• Le Grand Murin, l’une des plus grandes chauves-souris d’Europe, voit ses populations se rétablir après un important déclin au siècle dernier. Espèce emblématique du lien entre biodiversité et patrimoine, il dépend étroitement de la qualité des paysages naturels et culturels, ainsi que des activités humaines. Forestier par nature, il privilégie les forêts feuillues peu denses, les prairies pâturées et les terres d’agriculture traditionnelle pour chasser principalement des coléoptères au sol, mais aussi d'autres insectes et araignées. Les femelles élèvent leurs petits — un seul par an — dans des lieux chauds et calmes comme les greniers, granges, châteaux ou églises, où elles reviennent fidèlement chaque année. L’accouplement a lieu dès août, et l’espèce hiberne d’octobre à avril dans des grottes ou cavités souterraines offrant un climat stable. Sa présence est favorisée par les hêtraies froides, les haies, les prairies fauchées, et l’absence de cultures intensives.
  
   

Les habitats d’intérêt communautaire

Le site est composé de forêts de feuillus, de forêts de combe et de milieux associés à la forêt (corniches, falaises abruptes, versants rocheux), de sources et de ruisseaux. Cette mosaïque d’habitats représente un fort intérêt patrimonial à l’échelle nationale et européenne. Une grande diversité des écosystèmes forestiers et des milieux naturels exceptionnels donne à ce site une haute valeur biologique. Le site compte 13 habitats d’intérêt communautaire, ce qui est exceptionnel pour une si petite surface. Parmi ces habitats remarquables, certains sont prioritaires en raison de leur fragilité ou de leur rareté, notamment : les Érablaies à Scolopendre d'ubac, les sources pétrifiantes de tuf et les Frênaies-Érablaies en bordure des eaux vives.

L’habitat des sources pétrifiantes de tuf correspond à des formations végétales spécifiques qui se développent autour de sources ou suintements d’eau faiblement acides, riches en carbonates de calcium (CaCO₃). Lorsque cette eau entre en contact avec l’air, elle perd du dioxyde de carbone (CO₂), ce qui provoque la précipitation du carbonate de calcium. Celui-ci se dépose progressivement sur les végétaux, notamment les mousses, en les enrobant et en formant ainsi une roche calcaire poreuse et très dure : le tuf.

Cet habitat, rare et d’un grand intérêt écologique, se caractérise principalement par la présence d’un tapis relativement dense de mousses bryophytes calcicoles, qui piègent efficacement le calcaire. Parmi les espèces typiques, on trouve notamment Palustriella commutata et Cratoneuron filicinum, qui jouent un rôle clé dans la formation du tuf en servant de support biologique à la précipitation minérale.
 

La Frênaie-Érablaie en bordure des eaux vives est un habitat forestier inféodé aux rivières à eaux vives, souvent sur des pentes fraîches ou des terrains alluviaux stabilisés. Elle est dominée par des essences feuillues comme le Frêne commun (Fraxinus excelsior) et l’Érable sycomore (Acer pseudoplatanus), qui apprécient les sols riches, humides et bien drainés. Cet habitat se distingue par une canopée claire et un sous-bois luxuriant, où se développe une végétation diversifiée, composée de fougères, de mousses et d'espèces nitrophiles. C’est un milieu riche en biodiversité, qui joue un rôle essentiel dans la stabilisation des berges, la filtration naturelle de l’eau et dans l’ombrage du cours d’eau. On retrouve cet habitat le long des deux tronçons du cours d’eau la Vingeanne qui traversent le site.

Les actions

L’animation du site est encadrée par le Document d’Objectifs (DOCOB). Celui-ci a été rédigé et validé en 2013. 

Les actions de connaissance 

• Inventaires et suivis des populations d’Écrevisses à pattes blanches pour mettre à jour des données anciennes et refaire un état des lieux de la ou des population(s) présente(s) dans la Vingeanne
• Inventaires et suivis des populations de chiroptères dans les grottes et les parcelles forestières
   

Les actions de gestion 

• Étude de faisabilité en vue d’une potentielle extension du zonage Natura 2000
• Étude sur les éventuelles pollutions des cours d’eau du site : pour mieux anticiper la gestion des milieux aquatiques et de la ressource en eau, il est prévu d’analyser la présence de différents polluants.
   

Les actions de sensibilisation

• Création d’un sentier d’interprétation et installation de panneaux d’information sur le site pour améliorer l'expérience de visite
• Organisation de sorties nature à destination du grand public et des scolaires pour découvrir le site et les enjeux. Cette action sera réalisée par le service d’éducation à l’environnement du Parc national de forêts et par le Centre d’Initiation à la Nature d’Auberive.
  
  
   

Ce site Natura 2000 est co-financé par des fonds européens et la Région Grand-Est