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Site à chiroptères de la vallée de l’Aujon

Présentation générale du site 

 

n2000

 

Le site Natura 2000 à chiroptères de la vallée de l'Aujon, c’est : 

  • 3 734 hectares
  • 9 communes
  • Jusqu’à 2000 individus de Grands Murins recensés à Orges, soit la plus grande colonie de mise bas de l’ex Région Champagne-Ardenne

Le site est composé majoritairement de milieux agricoles et urbains. Quelques secteurs sont couverts par la forêt. Jusqu’en 2014, une colonie de 1500 à 2000 Grands Murins venait se reproduire dans le clocher de l’église d’Orges, commune du site. C’est cette colonie, la plus importante de Champagne-Ardenne, qui a entraîné la désignation du site en prenant comme limites la taille du territoire de chasse du Grand Murin.

 

Les enjeux 

Les espèces d’intérêt communautaire

Le site abrite un grand nombre d’espèces d’intérêt communautaire, qui ont pour certaines une très forte valeur patrimoniale et des forts enjeux de conservation. La majorité des espèces classées à ce titre sont des chauves-souris, notamment le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), le Grand Murin (Myotis myotis) ou encore la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri).

  • Le Petit Rhinolophe recherche les paysages semi-ouverts, entre bocages et forêts. Ses territoires de chasse (des zones boisées, si possible anciennes et coupées de cours d'eau) se situent le plus souvent dans un rayon de 2,5 km autour du gîte. Son domaine vital ne dépasse donc pas la dizaine d'hectares. Plutôt sédentaire, il se déplace peu et les gîtes d'hibernation et d'élevage ne sont ordinairement séparés que de 5 à 10 km. Il peut même rester dans le même bâtiment toute l'année, l'exploitant de la cave au grenier selon la saison, pour peu que celui-ci lui offre des amplitudes thermiques et hygrométriques suffisantes. Très casanier, certains individus s'accrochent exactement au même support d'une année sur l'autre. En hiver, on le retrouve généralement dans les cavités souterraines naturelles ou artificielles (grottes, puits, mines, galeries, caves, tunnels, carrières souterraines…). Il se nourrit d’insectes qu’il attrape en vol.

 

  • Le Grand Murin, l’une des plus grandes chauves-souris d’Europe, voit ses populations se rétablir après un important déclin au siècle dernier. Espèce emblématique du lien entre biodiversité et patrimoine, il dépend étroitement de la qualité des paysages naturels et culturels, ainsi que des activités humaines. Forestier par nature, il privilégie les forêts feuillues peu denses, les prairies pâturées et les terres d’agriculture traditionnelle pour chasser principalement des coléoptères au sol, mais aussi d'autres insectes et araignées. Les femelles élèvent leurs petits — un seul par an — dans des lieux chauds et calmes comme les greniers, granges, châteaux ou églises, où elles reviennent fidèlement chaque année. L’accouplement a lieu dès août, et l’espèce hiberne d’octobre à avril dans des grottes ou cavités souterraines offrant un climat stable. Sa présence est favorisée par les hêtraies froides, les haies, les prairies fauchées, et l’absence de cultures intensives.

 

  • La Noctule de Leisler est une chauve-souris de taille moyenne présente sur l’ensemble du territoire français, mais de manière inégale selon les régions. Elle chasse au-dessus des lisières, prairies et plans d’eau, en vol rapide et haut perché, souvent plus bas que la Noctule commune. Son régime alimentaire est principalement composé de coléoptères, papillons de nuit et autres insectes volants. Les Noctules de Leisler utilisent en priorité des cavités d’arbres pour leurs gîtes estivaux, mais peuvent aussi occuper des fissures de bâtiments ou des nichoirs. En hiver, l’espèce hiberne dans des sites abrités, souvent en milieu forestier ou bâti. Elles sont également connues pour leurs comportements migrateurs, certaines populations effectuant des déplacements saisonniers entre zones de reproduction et d’hibernation.


Quatre espèces animales (hors chiroptères) présentes sur le site sont également d’intérêt communautaire et inscrites à l’Annexe II de la Directive « Habitats-Faune-Flore ». Ces espèces sont la Lamproie de Planer (poisson), le Chabot commun (poisson), le Cuivré des marais (papillon) et l’Agrion de Mercure (libellule).


 

Les habitats d’intérêt communautaire

Le site Natura2000 « Site à chiroptères de la vallée de l’Aujon » présente une grande diversité d’habitats naturels, ce qui lui confère un fort caractère patrimonial sur le territoire, malgré une pression anthropique marquée. On retrouve 13 habitats naturels, dont 9 sont d’intérêt communautaire. Parmi ces habitats il y a notamment les pelouses sèches semi naturelle sur calcaires, les prairies à Molinia sur sols calcaires ou tourbeux et les prairies maigres de fauche de basse altitude. La majorité des enjeux du site vont se concentrer sur ces habitats qui sont indispensables à la survie de nombreuses espèces, dont les chiroptères qui viennent s’alimenter.

Les pelouses sèches sont des formations végétales rases, situées en pente, qui sont peu colonisées par les arbres et les arbustes. Elles forment un tapis plus ou moins dense qui se développe sur un sol, parfois peu épais, qui est pauvre en éléments nutritifs et constitué, en grande majorité, de calcaire. Ce milieu est très sec et le sol est souvent compact en surface, ceci car l’eau s’y infiltre très rapidement, en raison de la présence importante de calcaire qui rend le sol très perméable. Les pelouses sèches sont donc des habitats caractéristiques des coteaux calcaires. Ce sont des milieux très riches en biodiversité que ce soit en termes de faune ou de flore avec de nombreuses espèces d’orchidées.

Les prairies à Molinie (Molinia caerulea) sur sols calcaires ou tourbeux sont des habitats rares et en nette régression en raison de l’abandon des pratiques agricoles extensives. Elles poussent sur des sols où l’eau s’infiltre mal, souvent riches en certains minéraux (sulfates, chlorures), mais pauvres en éléments nutritifs comme l’azote et le phosphore. La nappe d’eau souterraine y remonte d’ailleurs jusqu’à la surface au moins une partie de l’année. Bien qu’humides durant plusieurs mois, elles peuvent subir un assèchement en été. Leur maintien dépend de la fauche régulière, qui empêche la fermeture du milieu. Malgré leur faible superficie, ces habitats abritent une biodiversité remarquable, incluant de nombreuses espèces végétales et animales, parmi lesquelles des orchidées rares ou protégées comme l’Epipactis des marais. Ils s’intègrent souvent à des ensembles naturels plus vastes, eux aussi d’un grand intérêt écologique.

Les prairies maigres de fauche de basse altitude sont soumises à une ou deux fauches annuelles, après floraison des graminées, qui y sont dominantes (Fromental élevé, Brome mou, etc.). Elles sont riches en espèces fleuries comme les Centaurées ou l’Achillée millefeuille. Cette diversité diminue néanmoins avec l’enrichissement du sol. Il existe de nombreuses variantes entre le caractère frais ou sec du sol, selon les qualités du sol et en fonction de la gestion pratiquée. Dans tous les cas, cet habitat est intimement lié à l’activité humaine qui seule permet son maintien. Ces prairies participent grandement à la biodiversité des complexes pastoraux. Riches en espèces végétales et en insectes, elles constituent des milieux ouverts propices à l’alimentation des chauves-souris.

 

Les actions

L’animation du site est encadrée par le Document d’Objectifs (DOCOB). Celui-ci a été rédigé et validé en 2013. 

Qu’est-ce qu’un Document d’Objectifs Natura 2000 ? 

Un DOCOB (Document d'Objectifs) est un document stratégique qui définit un programme d’action pour préserver les habitats et les espèces d’intérêt communautaire sur un site Natura 2000. Ces actions peuvent être des actions de gestion, de connaissance ou de sensibilisation. Il est élaboré en concertation avec les acteurs locaux (élus, agriculteurs, forestiers, associations, etc.) et sert notamment de cadre pour la mise en œuvre d’actions volontaires, souvent financées, dans le cadre de contrats Natura 2000.

Les actions de connaissance 

  • Réalisation d’études sur les chauves-souris : l’objectif de cette étude réalisée par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Champagne-Ardenne est de localiser les colonies de Grands murins sur l’ensemble du site
  • Réalisation de suivis et d’inventaires sur d’autres espèces : l’objectif est de mettre à jour des données anciennes ou d’en acquérir des nouvelles sur des taxons habituellement peu étudiés sur le site.
     

Les actions de gestion 

  • Conservation et restauration des habitats de prairies dans un bon état de conservation : l’objectif est de garantir la présence de zones d’alimentation et de chasse pour les chauves-souris (prairies, zones humides, haies)
  • Conservation et restauration des corridors écologiques indispensables aux déplacements des chauves-souris.
     

Les actions de sensibilisation

  • Associer la population et les acteurs locaux à la conservation du site en organisant par exemple des inventaires participatifs
  • Organisation d’animations nature et de sorties pédagogiques à destination du grand public ou des scolaires pour sensibiliser un maximum de personnes à la protection des chauves-souris et garantir une bonne cohabitation. Ces animations seront réalisées en partie par le Centre d’Initiation à la Nature d’Auberive et la Chambre d’agriculture de Haute-Marne
  • Présentation par le biais de conférences dans plusieurs communes du site des résultats de l’étude chiroptères du Conservatoire d’Espaces Naturels de Champagne-Ardenne.
     

Une question sur ce site Natura 2000 ? Contactez-nous !

Thomas VOLPOET, Chargé de mission Natura 2000 animateur du site Natura 2000 FR 2102002 « Site à chiroptères de la vallée de l’Aujon »
thomas.volpoet@forets-parcnational.fr

Ce site Natura 2000 est co-financé par des fonds européens et la Région Grand-Est 

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