Présentation générale du site
Les sites « Vallée de l’Aube, d’Auberive à Dancevoir » et « Vallée de l’Aujon, de Chameroy à Arc-en-Barrois », ce sont, respectivement :
- 1 153 et 467 hectares de milieux naturels
- 449 et 175 hectares en Cœur du Parc national (soit 38% de la surface des sites)
- 71 km de cours d’eau
- 11 et 6 communes
- 2 communautés de communes (CCAVM et CC3F)
Les enjeux
Les espèces d'intérêt communautaire
Les deux vallées présentent une grande diversité d’espèces. Au titre de Natura 2000, on en dénombre 17 pour la Vallée de l’Aube et 13 pour celle de l’Aujon. Dans la famille des insectes, on y retrouve des papillons (Damier de la Succise et Cuivré des marais), un coléoptère (le Lucane cerf-volant) et l’Agrion de Mercure, une petite libellule bleue.
Cette dernière affectionne les eaux bien oxygénées de faible importance comme les ruisseaux, les fossés, les sources (etc.), et bien végétalisées. La présence de prairies en bordure est également essentielle aux adultes qui y chassent et s’y reposent. Cette libellule est actuellement en forte régression et très menacée à la marge de son aire de répartition, notamment à cause des pratiques agricoles comme la mise en culture des prairies et le drainage. Elle est devenue très rare en Italie, à la limite de l’extinction dans trois pays européens (Belgique, Luxembourg et Angleterre) et elle s’est éteinte aux Pays-Bas. La France est l’un des rares pays où la population se maintient. Nous avons donc, à l’échelle européenne, une forte responsabilité vis-à-vis de cette espèce.
Les deux cours d’eau abritent également le Chabot commun et la Lamproie de Planer (des poissons), l’Écrevisse à pieds blancs, et deux escargots de quelques millimètres qui affectionnent les plantes des bords de cours d’eau : les Vertigos étroits et les Vertigos de des Moulins. Grâce aux études menées par le Parc national de forêts, une nouvelle espèce d’intérêt communautaire a pu être mise en évidence dans le cours de l’Aube : la Mulette épaisse, une petite moule d’eau douce. En savoir plus.
Les milieux humides des deux vallées abritent aussi le Sonneur à ventre jaune, le plus petit des crapauds aux pupilles en forme de cœur et ventre jaune aux tâches noires. Ce dernier se retrouve dans les petites pièces d’eau pour sa reproduction tels que les ornières, les petites mares, les fossés, qui sont peu végétalisées et peu profondes, et peuvent ainsi rapidement se réchauffer. En dehors de son site de reproduction, il se retrouve dans les milieux à proximité : prairies, forêts et zones bocagères.
Six espèces de chauves-souris sont également présentes dans ces vallées où les prairies leur offrent de sacrés terrains de chasse. Le site Natura 2000 de la Vallée de l’Aube possède en plus une station de Sabot de Vénus, la fameuse orchidée la plus grande d’Europe.
Autres espèces patrimoniales
D’autres espèces remarquables se rencontrent dans ces vallées, avec d’autres statuts de protection, qui peuvent être plus menacées, rares ou endémiques.
C’est le cas par exemple de l’Azuré des mouillères, présent sur la vallée de l’Aujon. Ce petit papillon se retrouve dans les prairies humides où pousse sa plante hôte, la Gentiane pneumonanthe. Il dépend également de la présence d’une fourmilière de Myrmica scabrinodis dans laquelle le dernier stade de développement de la larve de l’Azuré se produit. Il est classé quasi menacé en France (Liste rouge UICN) et a fait l’objet d’un plan national d’actions. Une série d’inventaires réalisés dans toute l’ex-Champagne-Ardenne par le Conservatoire d’espaces naturels a montré que le plateau de Langres constitue un des principaux territoires pour la préservation de l’espèce en France.
Une autre espèce importante à mentionner, emblématique de ces vallées, est le Narcisse des poètes. Cousin de la Jonquille, sa fleur est blanche avec une collerette centrale jaunâtre au liseré rouge. Il se rencontre dans les prairies de fauche humides et est assez rare en plaine ! Protégée en France, cette plante est sur la liste rouge des espèces menacées en Champagne-Ardenne. Quelques populations persistent dans les prairies permanentes des vallées de l’Aube et de l’Aujon.
Les habitats d’intérêt communautaire
Ces sites sont composés d’un ensemble de prairies généralement peu amendées, pâturées ou de fauche, en mosaïque avec des zones de cultures, des cours d’eau méandriformes plus ou moins riches en végétation de bord de rivière (ripisylve) et des forêts alluviales. Ces vallées abritent ainsi seize habitats d’intérêt communautaire différents, dont sept prioritaires concernant les prairies et les pelouses. L’ensemble des habitats déterminants pour Natura 2000 recouvre 35% de la surface de chaque vallée.
Offrant un patrimoine paysager remarquable, les prairies possèdent de nombreux autres intérêts que la seule valeur agronomique : réservoir de biodiversité, terrains de chasse pour les oiseaux et les chauve-souris, expansion des crues, épuration naturelle des eaux, ou encore atténuation des effets du changement climatique par le stockage de carbone. Elles sont essentielles à bon nombre des espèces d’intérêt communautaire présentes sur les sites.
Les pelouses sèches sont quant à elles des milieux très rares et sensibles présentant une grande diversité floristique qui hébergent de nombreuses espèces d’insectes rares ou menacés. Pourvues d’une végétation rase, elles se développent sur des sols très pauvres, souvent peu épais, en pente : c’est leur pauvreté en éléments nutritifs qui fait toute la richesse du milieu ! Les plantes qui s’y développent sont plus spécifiques et adaptées à ces conditions. En savoir plus
Les actions
Ces deux sites ont été proposés au réseau Natura 2000 en 1999. Chaque site est muni d’un Document d’Objectifs qui encadre sa gestion. Ces documents ont été approuvés en 2006 et 2008.
Qu’est-ce qu’un Document d’Objectifs Natura 2000 ?
Un DOCOB (Document d'Objectifs) est un document stratégique qui définit des objectifs de gestion et un programme d’actions pour préserver les habitats et les espèces d’intérêt communautaire sur un site Natura 2000. Ces actions peuvent être des actions de gestion, de connaissance ou de sensibilisation. Il est élaboré en concertation avec les acteurs locaux (experts naturalistes, élus, agriculteurs, forestiers, associations, etc.) et sert notamment de cadre pour la mise en œuvre d’actions volontaires, souvent financées par le biais de contrats Natura 2000.]
Les actions de connaissance
L’enjeu prioritaire sur ces sites Natura 2000 est la conservation des prairies et des pelouses. Afin d’évaluer l’évolution de ces milieux, le Conservatoire d’espaces naturels réalisent deux suivis :
- Le suivi de la végétation des prairies : Il s’agit de réaliser un inventaire botanique sur une petite zone donnée. Ce suivi a déjà été réalisé en 2011 sur un grand nombre de prairies des vallées de l’Aube et de l’Aujon. Le refaire aujourd’hui, sur les mêmes zones, permet de comparer l’évolution des prairies, en lien avec les pratiques agricoles
- Le suivi des communautés de papillons de jour : Ce suivi est complémentaire avec le suivi précédent. Les papillons sont de bons indicateurs de l’état de conservation des milieux prairiaux et de l’équilibre des pratiques.
Les actions de gestion
Le site Natura 2000 « Vallée de l’Aujon, de Chameroy à Arc-en-Barrois » fait peau neuve ! En effet, la Région Grand Est a demandé à modifier le périmètre du site. Le périmètre actuel est plein d’incohérences majeures, tel que l’oubli de l’Aujon et de ses prairies humides sur une portion dans un village. Le site est aussi peu fonctionnel, les découpages au moment de la désignation du site en 1999 n’étaient pas basés sur des éléments logiques tel que le cadastre. La plupart des parcelles sont donc coupées, une partie étant dans le site, l’autre non. Difficile de s’y retrouver. Cette modification de périmètre a donc pour but de corriger les erreurs et simplifier la gestion du site pour tous ses usagers. Plusieurs réunions d’informations ont été organisées dans les communes concernées pour que chaque propriétaire ou usager soit informé.
Une autre action importante consiste à faire connaitre les dispositifs Natura 2000 auxquels les usagers ont droit : Mesures agroécologiques et climatiques (MAEC) en milieu agricole, contrats Natura 2000 forestiers en forêt, et lorsque l’on n’est ni en milieu agricole, ni en milieu forestier, les contrats Natura 2000 « ni-ni ». Ces trois dispositifs permettent d’adapter une activité aux enjeux de conservation d’un site (ex : retard de fauche, mise en défens de berges, création d’îlots de sénescence) ou de mener des travaux d’entretien ou de restauration (ex : mise en place d’un pâturage extensif, travaux de débroussaillement).
Plusieurs journées techniques et groupes de travail sont aussi organisés pour réfléchir des actions communes ou apporter des informations à des publics ciblés, sur des sujets en lien avec les enjeux des deux sites Natura 2000.
Les actions de sensibilisation
Plusieurs animations à destination du grand public sont organisées chaque année sur les sites. Pour vous y inscrire, consultez l'agenda du Parc national.
Le Centre d’initiation à la Nature d’Auberive réalise également des animations auprès des scolaires.
Une carte interactive des sites Natura 2000 sur le territoire du Parc national de forêts a également vu le jour dans le cadre de l’animation de ces sites. Elle permet de cliquer sur le site qui vous intéresse et d’avoir accès à de nombreuses informations et aux contacts de différents interlocuteurs utiles.
Une question sur les sites Natura 2000 « Vallée de l’Aube, d’Auberive à Dancevoir » - FR2100292 et « Vallée de l’Aujon, de Chameroy à Arc-en-Barrois » - FR2100293 ? Contactez-nous !
Aurélie WAHL, Chargée de mission Natura 2000
aurelie.wahl@forets-parcnational.fr
Ces sites Natura 2000 sont co-financés par des fonds européens et la Région Grand Est.
