Tufière de Rolampont

Présentation générale du site 

Le site Natura2000 « Tufière de Rolampont » c’est : 

• 80 hectares
• 2 communes
• 87% de forêts de feuillus 
   

Les enjeux 

Les espèces d’intérêt communautaire

Les habitats de la tufière de Rolampont abritent une diversité remarquable d’espèces animales et végétales. Parmi les espèces d’intérêt communautaire, il est possible d’observer le Chat forestier (Felis sylvestris), l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) et l’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes).

• Discret et farouche, le Chat forestier fréquente les forêts tranquilles, riches en sous-bois et à proximité de zones humides ou de prairies. Souvent confondu avec un chat domestique tigré, il s’en distingue par sa queue épaisse, bien barrée de noir, et son pelage dense. Il est un bon indicateur de milieux forestiers préservés. Nocturne, il se nourrit principalement de petits rongeurs, mais aussi d’oiseaux et d’amphibiens.

• L'Agrion de Mercure est un petit odonate bleu et noir qui vit uniquement le long des ruisseaux clairs et bien oxygénés, avec des berges riches en végétation. Il est reconnaissable à la tache noire en forme de “casque ailé” sur son thorax — une référence au dieu romain Mercure. Cette espèce rare et menacée est très sensible à la qualité de l’eau et à la structure des habitats rivulaires, ce qui en fait un excellent indicateur de bonne santé écologique des cours d’eau.

• Autrefois abondante, l’Écrevisse à pattes blanches a vu ses populations s’effondrer en Europe, notamment à cause de la pollution, de la modification des cours d’eau, de la concurrence des espèces exotiques et de la peste de l’écrevisse. Elle apprécie les petites rivières bien oxygénées, avec des fonds pierreux ou graveleux où elle peut se cacher. Présente localement autour de Rolampont, sa survie dépend de milieux aquatiques de grande qualité et de la lutte contre l’écrevisse signal, espèce invasive venue d’Amérique du Nord.
   

Le site Natura2000 abrite également un cortège végétal très riche avec des espèces rares et singulières telles que le Gymnocarpe de Robert (Gymnocarpium robertianum), la Capillaires des murailles (Asplenium trichomanes) ou encore la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium).
 

Les habitats d’intérêt communautaire

Le site de la Tufière de Rolampont est remarquable par la diversité d’habitats présents : 18 habitats naturels, dont 7 sont dits d’intérêt communautaire. Parmi ces habitats d’intérêt communautaire, 3 habitats sont prioritaires : les forêts de ravins, les forêts alluviales et les sources pétrifiantes avec formation de tuf.

Les forêts de ravins sont des milieux boisés installés sur des pentes abruptes, généralement en fond de vallon ou le long de versants frais et ombragés. Grâce à la topographie encaissée, ces zones conservent une humidité élevée, une fraîcheur constante et sont souvent peu exposées au soleil. Ces conditions particulières favorisent le développement d’une végétation luxuriante, riche en mousses, fougères et arbres feuillus comme le Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos), le Frêne commun (Fraxinus excelsior) ou l’Érable sycomore (Acer pseudoplatanus).

Cet habitat est extrêmement peu commun en plaine, ce qui confère à la tufière de Rolampont un intérêt écologique majeur. On y observe une végétation remarquable, notamment composée d’espèces végétales montagnardes ou relictuelles, très rares en plaine comme le Polystic en fer de lance (Polystichum lonchitis).
 

Les forêts alluviales sont des habitats naturels caractéristiques des bords de rivières, de ruisseaux et de zones inondables. Elles se développent sur des sols régulièrement saturés en eau, et sont soumises à un dynamisme fluvial constant. La végétation y est dominée par des essences adaptées à ces conditions humides, comme le Frêne commun (Fraxinus excelsior) et l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), deux espèces qui supportent bien les variations du niveau de la nappe phréatique.

Le substrat de ces forêts, composé de limons, de sables et de graviers, est régulièrement enrichi en éléments fins et organiques lors des crues, qui déposent des alluvions fertiles sur le sol. Ce renouvellement constant favorise une biodiversité végétale importante, en particulier dans la strate herbacée et arbustive.
 

L’habitat des sources pétrifiantes de tuf correspond à des formations végétales spécifiques qui se développent autour de sources ou suintements d’eau faiblement acides, riches en carbonates de calcium (CaCO₃). Lorsque cette eau entre en contact avec l’air, elle perd du dioxyde de carbone (CO₂), ce qui provoque la précipitation du carbonate de calcium. Celui-ci se dépose progressivement sur les végétaux, notamment les mousses, en les enrobant et en formant ainsi une roche calcaire poreuse et très dure : le tuf.

Au fil du temps, l’accumulation de ces dépôts peut devenir si importante qu’elle donne naissance à des formations plus massives, appelées travertins, que l’on peut observer sur le site.

Cet habitat, rare et d’un grand intérêt écologique, se caractérise principalement par la présence d’un tapis relativement dense de mousses bryophytes calcicoles, qui piègent efficacement le calcaire. Parmi les espèces typiques, on trouve notamment Palustriella commutata et Cratoneuron filicinum, qui jouent un rôle clé dans la formation du tuf en servant de support biologique à la précipitation minérale.
 

Les actions

L’animation du site est encadrée par le Document d’Objectifs (DOCOB). Celui-ci a été rédigé et validé en 2006. 

Les actions de connaissance 

• Suivi de l’alimentation en eau de la tufière principale : en raison du changement climatique, les zones humides deviennent très fragiles et sont menacées par les sécheresses. La Tufière de Rolampont ne fait pas exception et a besoin d’un suivi régulier de son alimentation en eau.
• Localisation et cartographie des sources qui alimentent le site en eau

• Inventaires de la population d’Écrevisses à pattes blanches : connaître plus précisément la taille de la ou des population(s) d’Écrevisses sur le site, et connaître leur état de conservation.

   

Les actions de gestion 

• Mise en place d’un contrat forestier Natura2000 favorisant le développement de bois sénescents : cette action permet de garantir la présence de bois morts ou d’habitats très particuliers (cavités, mousses, décollement d’écorce) pour permettre à des espèces spécialisées de s’alimenter et/ou de se reproduire en milieu forestier.
• Exploitation des Épicéas au sein du peuplement de feuillus : il s’agit d’anciennes plantations qui, aujourd’hui, sont défavorables à la dynamique du milieu et présentent des dépérissements importants.
   

Les actions de sensibilisation

• Réalisation des sorties nature à destination de différents publics pour sensibiliser aux enjeux de la biodiversité
• Réalisation de divers documents de sensibilisation et d’information pour le grand public
   

Ce site Natura 2000 est co-financé par des fonds européens et la Région Grand-Est